Hace algún tiempo una amiga muy amable (Sonia de Librairie espagnole también conocida como Amalia Amaliana) tuvo la gentileza de traducir algunos cuentos del Bestiario chicano al francés. Aqui se los pongo para el que quiera curiosear sobre las virtudes de la traducción con respecto al original. A mí me parece que está muy bien. Por cierto también les comento que el próximo mes de Marzo saldrá el libro de relatos el asalto y la venganza. Ya les diré donde y a que horas son las presentaciones.
Extrait du Bestiario chicano
LE "POLLERO"
On peut voir ce
terrible monstre de la culture mexicaine dans des villes frontières comme
Tijuana et Ciudad Juarez, entre autres. Pourtant, ces endroits ne sont que des
bases ou s’aglutinent les immigrants, car le Pollero se déplace sans cesse du Mexique vers les Etats-Unis, sans
avoir vraiment un territoire défini. On raconte que les Polleros les plus performants réussissent à effectuer jusqu'à cinq
voyages par semaine. Leur nourriture de base, c’est du sang de chicano, ce qui
fait qu’à chaque fois que l’un d’eux entre dans le gigantesque estomac de la bête,
il doit payer son pesant d’hémoglobine. En revanche, il n’est pas intéressé par
le corps de l’immigrant. Il est recommandé de ne pas donner tout son sang du
premier coup, de ne payer que la moitié avant de commencer le voyage et de ne compléter
le « don » que de l’autre coté de la frontière.
Une fois le paiement
effectué, le chicano peut alors entrer en toute tranquillité dans les cavités secrètes
du Pollero, qui, avec ses vingt pattes
à traction double, essayera de l’emmener vers le territoire nord-américain.
C’est aussi à cet instant précis que commencent les dangers potentiels car
parfois le Pollero oublie de respirer
lorsqu’il traverse les chemins arides de l’Arizona, du Nouveau Mexique ou du
Texas, provoquant ainsi inexorablement la mort de ses passagers.
Un des autres dangers
inhérents à ce mode de transport survient lorsqu’il est découvert par le
terrible borderpatrol. Dans ces cas-là,
le Pollero recrache violement ses
passagers qui commencent alors à courir en tous sens, temporairement aveuglés
par la lumière qu’ils n’ont pas vue depuis plusieurs jours. Ils sont pour la
plupart rapidement attrapés et catapultés dans leur pays d’origine. Ceux qui
parviennent à s’échapper ont un sort bien pire, ils sont exposés à l’inclémence
du désert et en peu de jours deviennent la pitance des coyotes et oiseaux de
proie. Bien sûr, en réalité, le Pollero
réussit le plus souvent sa mission, mais les journalistes ne sont intéressés
que par les échecs de la bête. En règle générale, lorsque la bête a réussi à
contourner tous les obstacles, elle régurgite le nouveau illégal dans une des
forêts de bitume connues comme San Diego, Phoenix, San Antonio ou Los Angeles et
encaisse sa seconde ration de sang. Quant à l’immigrant il continuera pendant
toute sa vie à effectuer des travaux pénibles, et en général, bien qu’il y ait
des exceptions, jamais il ne parviendra à accumuler la fortune colossale à
laquelle il rêvait avant de commencer son voyage, mais il améliorera d’une
certaine manière son niveau de vie comparé à celui qu’il avait dans son pays d’origine.
LE "BALSERO"
A la différence
de son homologue terrestre appelé chicano, le balsero ne dépend de personne pour initier son périple vers un pays
étranger. Cet être amphibie a la fabuleuse capacité de transformer son corps en
une sorte d’anguille flottante qui, vue de loin, pourrait ressembler a une barque
faite avec des pneus en caoutchouc.
Une fois en haute
mer, les balseros doivent résister à
des températures extrêmes, supporter des changements d’humeur de l’eau et, surtout,
éviter à tout prix que leur corps ne se retourne et que leur visage ne soit exposé
a la mer. Si cela arrivait, le balsero
perdrait ses réserves de nourriture et d’eau douce, qui, consommées sur la
terre ferme, lui auraient servi à tenir une semaine, puisque leurs corps
possèdent des propriétés similaires à celles des dromadaires du désert. Il est
donc évident que si les réserves sont perdues, cet être amphibie perd ses
forces et meurt.
En plus de ces
danger de la nature, cet amphibie risque de rencontrer les gardes côtes
nord-américains, espagnols ou français (cela dépend s’il s’agit d’une espèce
africaine ou américaine) qui le persuaderont de renoncer à son dessin, sans
tenir compte des conditions politiques ou de misère qui provoquèrent sa fuite.
Le cas le plus pathétique que l’on connaisse ces dernières années fut celui
d’un Haïtien qui voulut se suicider en se jetant à la mer au moment où on
allait le renvoyer dans son pays. Ceci eut lieu pendant la dictature militaire,
après la chute d’Aristide.
Mais comme il
arrive souvent, certains balseros ont
joui d’un meilleur traitement que leurs homologues. Les Cubains (1) avaient été
reçus pendant des dizaines d’années aux Etats-Unis comme des héros de la
liberté. On les montrait à travers toutes les caméras du monde comme des
victimes du pervers barbu, et ils
obtenaient avec beaucoup de facilités leur nationalité yankee. Le seul gros
obstacle que rencontraient ces balseros,
sans compter ceux de la nature, c’était de tromper les patrouilles maritimes de
leur pays. Une fois arrivés
sur une île ou
sur un bateau américain, les balseros
pouvaient commencer une nouvelle vie en Floride avec l’appui de la communauté
cubano-américaine. A cause de cet éternel duel de boucs qui a dépassé les
quarante rounds, les Gringos aidaient aussi bien les balseros que les ennemis du régime castriste auquel ils continuent
de reprocher d’être rouge. Paradoxalement, ils n’ont jamais appliqué cette
politique avec les Dominicains ou des Haïtiens, aux conditions de vie bien pires,
parce qu’ils ne leur sont d’aucune utilité politique ment parlant.
(1) Dans les années
90 la situation changea radicalement du fait des accords conclus entre les
autorités nord-américaines et cubaines en matière d’immigration. Les gringos s’engagèrent à délivrer vingt mille
visas annuels à ceux qui désiraient entrer dans leur pays tandis que les Cubains
acceptaient d’interdire la prolifération et l’anarchie des balseros. Ainsi lorsqu’un balsero est attrapé par les gardes-côtes
il ne jouit plus des bénéfices politiques dont nous avons parlé plus haut et il
est renvoyé a La Havane ou confiné à Guantanamo, mais s’il parvient a toucher
terre ferme, il aura réussi son périple.
Poussière dans le
vent
Je ne sais
toujours pas pourquoi je me suis réveillé au milieu de cette montagne entouré de
rivières, de fleurs et d’oiseaux. Je me souviens seulement qu’hier, lorsque je buvais
ma dernière tequila, ce Norteño (1) c’est approché et m’a dit :
- Hé, l’ami, vous
n’auriez pas un peu de café (2) à me donner ?
- Si ce que vous
voulez c’est du « café », demandez au barman ou allez dans un
restaurant, répondis-je froidement.
Ce fut alors
qu’il commenta sur un ton moqueur et provocateur :
- Non, mais le
problème, d’après ce qu’on dit, c’est que votre café c’est le meilleur, vu
qu’il est mélangé avec votre sale morve a force d'y mettre votre nez et qu'elle
abrutit n’importe qui. Le fait de m’accuser
de fraude sur la marchandise était intolérable, car dans cette profession on
dépend totalement de la réputation que l’on vous fait. Je posai violement mon
verre et alors la dispute commença. Je sortis mon couteau et l’enfonçai jusqu'à
la garde dans son estomac avant qu’il ne me frappe avec la chaise. Son corps s’effondra
et le Norteño mourut rapidement. Je payai la note et me disposais à partir
lorsque je lançai une fanfaronnade pour magnifier mon assassinat :
- Quelqu’un
d’autre ? dis-je, c’est ainsi que meurent tous ceux qui cherchent noise à
Arnulfo Johnson Contreras.
Je me dirigeai
vers la porte coulissante du boui-boui et au moment de sortir, j’entendis un « fils
de pute » dans mon dos. Je me retournai et distinguai au zinc un jeune
armé d’une demi-bouteille cassée. Je ne me souviens pas de la suite. Tout ce
que je sais c’est que je devais livrer une cargaison de coca à Nogales.
Arnulfo se leva
et descendit de la montagne. De là, il distinguait les lueurs de la ville.
Comme c’est
étrange ! pensa-t-il, je ne me souviens pas qu’il y ait une montagne face
à Saltillo. Bah ! ce sera un autre village.
Tu marchas et au
fur et à mesure que tu que tu t’approchais, tu te rendais compte que,
effectivement, tu étais à Saltillo, tu reconnaissais la pharmacie où tu avais
acheté tes tabacs (3) et tu te dirigeas vers le bar ou tu étais la nuit passée.
Il s’appelait « Le cadavre ». Tu ouvris la porte, il n’y avait
personne sauf un homme qui nettoyait le sang et passait la serpillère : « vestiges
de ma prouesse » pensas-tu.
Dans un des recoins du boui-boui tu distinguas
un corps inerte, tu pensas que c’était ta victime, tu le rouas de coups de
pieds violents qui te firent te tordre de douleur. Et lorsque le corps se
retourna tu vis son visage et tu te reconnus.
Arnulfo sentit
comme son corps se désintégrait pour se fondre dans l’épaisse fumée du
boui-boui. Il eut tous juste de temps de dire « rien à faire, la mort m’a
emporté », pendant que l’on entendait au loin la musique qui venait du
jukebox : « all we are is
dust in the wind … »
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