Tuesday, March 26, 2013

EL SALTO ETERNO

Un gato se acerca sigiloso a un canario. Repta, más que andar por los pastizales del jardín. Contrae sus patas para reunir toda su fuerza en un solo salto. Y se lanza hacía los cielos con la esperanza de robarle al pajarillo el secreto de su alma ligera. El canario escapará o morirá, pero jamás revelará su secreto, por  más que el felino lo torture dándole falsas esperanzas de fuga que serán brutalmente interrumpidas, una y otra vez, por una cruenta zarpa. El ser alado no se engaña; sabe que su trabajo es tan inútil como subir una enorme piedra a la cima de una loma para verla caer y volver a iniciar. Pero también sabe que toda pasividad es una traición y que la única forma de escapar al absurdo de la muerte es luchar en vano por la libertad. El gato, por su parte, al recaer sobre el suelo, sentirá toda la amargura de un ángel caído. No hay dolor más grande que contemplar el paraíso y luego perderlo. Sólo un ovillo de lana o acaso un bol de leche le harán olvidar su anhelo de perfección que lo llevan a despreciar a los humanos impuros. 

Thursday, March 14, 2013

EL ASALTO Y LA VENGANZA


Portada de mi nuevo libro de relatos recién salido de la imprenta y que en próximas fechas se presentará en Madrid. Pueden leer el excelente prólogo de Susana Corcuera y el primer cuento en http://www.edicionesirreverentes.com/narrativa/AsaltoLombera.html

Sunday, March 03, 2013

ME TRADUCEN AL FRANCÉS

Hace algún tiempo una amiga muy amable (Sonia de Librairie espagnole también conocida como Amalia Amaliana) tuvo la gentileza de traducir algunos cuentos del Bestiario chicano al francés. Aqui se los pongo para el que quiera curiosear sobre las virtudes de la traducción con respecto al original. A mí me parece que está muy bien. Por cierto también les comento que el próximo mes de Marzo saldrá el libro de relatos el asalto y la venganza. Ya les diré donde y a que horas son las presentaciones. 


Extrait du Bestiario chicano

LE "POLLERO"

On peut voir ce terrible monstre de la culture mexicaine dans des villes frontières comme Tijuana et Ciudad Juarez, entre autres. Pourtant, ces endroits ne sont que des bases ou s’aglutinent les immigrants, car le Pollero se déplace sans cesse du Mexique vers les Etats-Unis, sans avoir vraiment un territoire défini. On raconte que les Polleros les plus performants réussissent à effectuer jusqu'à cinq voyages par semaine. Leur nourriture de base, c’est du sang de chicano, ce qui fait qu’à chaque fois que l’un d’eux entre dans le gigantesque estomac de la bête, il doit payer son pesant d’hémoglobine. En revanche, il n’est pas intéressé par le corps de l’immigrant. Il est recommandé de ne pas donner tout son sang du premier coup, de ne payer que la moitié avant de commencer le voyage et de ne compléter le « don » que de l’autre coté de la frontière.

Une fois le paiement effectué, le chicano peut alors entrer en toute tranquillité dans les cavités secrètes du Pollero, qui, avec ses vingt pattes à traction double, essayera de l’emmener vers le territoire nord-américain. C’est aussi à cet instant précis que commencent les dangers potentiels car parfois le Pollero oublie de respirer lorsqu’il traverse les chemins arides de l’Arizona, du Nouveau Mexique ou du Texas, provoquant ainsi inexorablement la mort de ses passagers.

Un des autres dangers inhérents à ce mode de transport survient lorsqu’il est découvert par le terrible borderpatrol. Dans ces cas-là, le Pollero recrache violement ses passagers qui commencent alors à courir en tous sens, temporairement aveuglés par la lumière qu’ils n’ont pas vue depuis plusieurs jours. Ils sont pour la plupart rapidement attrapés et catapultés dans leur pays d’origine. Ceux qui parviennent à s’échapper ont un sort bien pire, ils sont exposés à l’inclémence du désert et en peu de jours deviennent la pitance des coyotes et oiseaux de proie. Bien sûr, en réalité, le Pollero réussit le plus souvent sa mission, mais les journalistes ne sont intéressés que par les échecs de la bête. En règle générale, lorsque la bête a réussi à contourner tous les obstacles, elle régurgite le nouveau illégal dans une des forêts de bitume connues comme San Diego, Phoenix, San Antonio ou Los Angeles et encaisse sa seconde ration de sang. Quant à l’immigrant il continuera pendant toute sa vie à effectuer des travaux pénibles, et en général, bien qu’il y ait des exceptions, jamais il ne parviendra à accumuler la fortune colossale à laquelle il rêvait avant de commencer son voyage, mais il améliorera d’une certaine manière son niveau de vie comparé à celui qu’il avait dans son pays d’origine.


LE "BALSERO"

A la différence de son homologue terrestre appelé chicano, le balsero ne dépend de personne pour initier son périple vers un pays étranger. Cet être amphibie a la fabuleuse capacité de transformer son corps en une sorte d’anguille flottante qui, vue de loin, pourrait ressembler a une barque faite avec des pneus en caoutchouc.

Une fois en haute mer, les balseros doivent résister à des températures extrêmes, supporter des changements d’humeur de l’eau et, surtout, éviter à tout prix que leur corps ne se retourne et que leur visage ne soit exposé a la mer. Si cela arrivait, le balsero perdrait ses réserves de nourriture et d’eau douce, qui, consommées sur la terre ferme, lui auraient servi à tenir une semaine, puisque leurs corps possèdent des propriétés similaires à celles des dromadaires du désert. Il est donc évident que si les réserves sont perdues, cet être amphibie perd ses forces et meurt.

En plus de ces danger de la nature, cet amphibie risque de rencontrer les gardes côtes nord-américains, espagnols ou français (cela dépend s’il s’agit d’une espèce africaine ou américaine) qui le persuaderont de renoncer à son dessin, sans tenir compte des conditions politiques ou de misère qui provoquèrent sa fuite. Le cas le plus pathétique que l’on connaisse ces dernières années fut celui d’un Haïtien qui voulut se suicider en se jetant à la mer au moment où on allait le renvoyer dans son pays. Ceci eut lieu pendant la dictature militaire, après la chute d’Aristide.

Mais comme il arrive souvent, certains balseros ont joui d’un meilleur traitement que leurs homologues. Les Cubains (1) avaient été reçus pendant des dizaines d’années aux Etats-Unis comme des héros de la liberté. On les montrait à travers toutes les caméras du monde comme des victimes du pervers barbu, et ils obtenaient avec beaucoup de facilités leur nationalité yankee. Le seul gros obstacle que rencontraient ces balseros, sans compter ceux de la nature, c’était de tromper les patrouilles maritimes de leur pays. Une fois arrivés 
sur une île ou sur un bateau américain, les balseros pouvaient commencer une nouvelle vie en Floride avec l’appui de la communauté cubano-américaine. A cause de cet éternel duel de boucs qui a dépassé les quarante rounds, les Gringos aidaient aussi bien les balseros que les ennemis du régime castriste auquel ils continuent de reprocher d’être rouge. Paradoxalement, ils n’ont jamais appliqué cette politique avec les Dominicains ou des Haïtiens, aux conditions de vie bien pires, parce qu’ils ne leur sont d’aucune utilité politique ment parlant.


(1) Dans les années 90 la situation changea radicalement du fait des accords conclus entre les autorités nord-américaines et cubaines en matière d’immigration. Les gringos s’engagèrent à délivrer vingt mille visas annuels à ceux qui désiraient entrer dans leur pays tandis que les Cubains acceptaient d’interdire la prolifération et l’anarchie des balseros.  Ainsi lorsqu’un balsero est attrapé par les gardes-côtes il ne jouit plus des bénéfices politiques dont nous avons parlé plus haut et il est renvoyé a La Havane ou confiné à Guantanamo, mais s’il parvient a toucher terre ferme, il aura réussi son périple.


Poussière dans le vent 

Je ne sais toujours pas pourquoi je me suis réveillé au milieu de cette montagne entouré de rivières, de fleurs et d’oiseaux. Je me souviens seulement qu’hier, lorsque je buvais ma dernière tequila, ce Norteño (1) c’est approché et m’a dit :

- Hé, l’ami, vous n’auriez pas un peu de café (2) à me donner ?
- Si ce que vous voulez c’est du « café », demandez au barman ou allez dans un restaurant, répondis-je froidement.

Ce fut alors qu’il commenta sur un ton moqueur et provocateur :
- Non, mais le problème, d’après ce qu’on dit, c’est que votre café c’est le meilleur, vu qu’il est mélangé avec votre sale morve a force d'y mettre votre nez et qu'elle abrutit n’importe qui.  Le fait de m’accuser de fraude sur la marchandise était intolérable, car dans cette profession on dépend totalement de la réputation que l’on vous fait. Je posai violement mon verre et alors la dispute commença. Je sortis mon couteau et l’enfonçai jusqu'à la garde dans son estomac avant qu’il ne me frappe avec la chaise. Son corps s’effondra et le Norteño mourut rapidement. Je payai la note et me disposais à partir lorsque je lançai une fanfaronnade pour magnifier mon assassinat :

- Quelqu’un d’autre ? dis-je, c’est ainsi que meurent tous ceux qui cherchent noise à Arnulfo Johnson Contreras.

Je me dirigeai vers la porte coulissante du boui-boui et au moment de sortir, j’entendis un « fils de pute » dans mon dos. Je me retournai et distinguai au zinc un jeune armé d’une demi-bouteille cassée. Je ne me souviens pas de la suite. Tout ce que je sais c’est que je devais livrer une cargaison de coca à Nogales.
Arnulfo se leva et descendit de la montagne. De là, il distinguait les lueurs de la ville.
Comme c’est étrange ! pensa-t-il, je ne me souviens pas qu’il y ait une montagne face à Saltillo. Bah ! ce sera un autre village.

Tu marchas et au fur et à mesure que tu que tu t’approchais, tu te rendais compte que, effectivement, tu étais à Saltillo, tu reconnaissais la pharmacie où tu avais acheté tes tabacs (3) et tu te dirigeas vers le bar ou tu étais la nuit passée. Il s’appelait « Le cadavre ». Tu ouvris la porte, il n’y avait personne sauf un homme qui nettoyait le sang et passait la serpillère : « vestiges de ma prouesse » pensas-tu.

 Dans un des recoins du boui-boui tu distinguas un corps inerte, tu pensas que c’était ta victime, tu le rouas de coups de pieds violents qui te firent te tordre de douleur. Et lorsque le corps se retourna tu vis son visage et tu te reconnus.

Arnulfo sentit comme son corps se désintégrait pour se fondre dans l’épaisse fumée du boui-boui. Il eut tous juste de temps de dire « rien à faire, la mort m’a emporté », pendant que l’on entendait au loin la musique qui venait du jukebox : « all we are is dust in the wind … »